Le Quai d'Orsay

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Premier bâtiment construit à Paris pour abriter un ministère, il a été conçu dès l'origine comme une vitrine de l'excellence française et un outil au service du rayonnement de la France. Décoré de peintures, d'objets d'art et d'un mobilier exceptionnels, il a été aménagé ainsi pour faire impression sur les visiteurs et laisser une trace durable dans leur mémoire. Plus d'un siècle et demi après, cet écrin diplomatique continue de remplir sa fonction au service de notre politique étrangère.

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Jean FOUACE

Jean Fouace est conservateur en chef au Mobilier national. Il a exercé de 1982 à 1998 des fonctions au ministère de la Culture et de la Communication, au sein du service de la restauration de la Direction des musées de France ainsi qu'au Fonds national d'art contemporain.

De 1998 à 2006, chargé de mission à la mission du patrimoine du ministère des Affaires étrangères et européennes, il a participé à plusieurs publications collectives sur l'histoire des ambassades de France. Il a notamment réalisé une étude intitulée "La décoration de l'ambassade de France à Ottawa : du projet de l'architecte Eugène Beaudouin en 1936 aux aménagements du Mobilier national dans les années cinquante", publiée en 2006 dans le Bulletin de la Société de l'Histoire de l'Art français.

Jean-Michel LENIAUD

Jean-Michel Leniaud est directeur de l’École nationale des Chartes depuis septembre 2011. De 1998 à 2011, il a été membre de la commission nationale des monuments historiques. Il est président du conseil scientifique de l’Institut national du patrimoine, membre du conseil supérieur des archives ainsi que des collèges régionaux du patrimoine des sites d’Île-de-France et de Poitou-Charentes.

Sorti de l’École des Chartes en 1976, il est également diplômé de l’EPHE (École pratique des hautes études), docteur d’État en droit et habilité à diriger les recherches en lettres et sciences humaines. De 1977 à 1990, il a exercé diverses fonctions au ministère de la Culture à l’inspection des monuments historiques, dans les services extérieurs et en administration centrale. En 1990, il est nommé directeur d’études à l’EPHE (École pratique des hautes études) dans la section des sciences historiques et philologiques et aussi, en 1996, professeur à l’École nationale des Chartes.

Spécialiste d’histoire du patrimoine et d’histoire de l’art des XIXe et XXe siècles, il a publié une trentaine d’ouvrages sur l’architecture, le patrimoine et l’histoire religieuse de l’époque contemporaine. Ses travaux ont obtenu des prix de l’Académie française, de l’Académie des beaux-arts et de l’Académie des sciences morales et politiques. Il est également rédacteur en chef des Livraisons d’histoire de l’architecture.

Gilles STASSART

Responsable de la rubrique « art culinaire » à Beaux-arts Magazine entre 1998 et 2007, il a parallèlement dirigé pour ce titre de nombreux dossiers sur le goût et des numéros hors série avec des écrivains invités. Spécialiste de la confrontation des arts plastiques et de l’ alimentation, il a assuré le commissariat d’une série d’événements à la Fondation Cartier et des performances pour des manifestations comme la Nuit Blanche, à Paris en 2009. Il a été nommé, entre 2007 et 2010, rapporteur pour le concours de l’Académie de France à Rome — délégation aux Arts plastiques, ministère de la Culture et de la Communication — dans la discipline arts culinaires.

C’ est dans la rencontre de l’ écriture, de l’ art contemporain et de la cuisine que Gilles Stassart a tissé son parcours atypique. Passé aux fourneaux en 2005, il a côtoyé les cuisines de Marc Meneau, Inaki Aizpitarte et enfin Laurent Chareau. Après les cuisines du Transversal, il a dirigé les fourneaux du Nomiya, restaurant éphémère sur le toit du Palais de Tokyo à Paris.

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Fiche technique

Langues
édition française et édition anglaise
Nombre de pages
464
Nombre d'illustrations
315
Format
260 x 350 mm
Reliure
couverture rigide, jaquette et coffret illustré
ISBN
979-10-90756-08-3
Poids
4,5 Kg
Prix
119 €

Au commencement était François Guizot ; Guizot traducteur de Gibbon et méditant cette phrase de l’ Histoire du déclin et de la chute de l’ Empire romain : « Ce fut dans les ouvrages destinés à la gloire et à l’ utilité de la nation, que les plus vertueux empereurs déployèrent leur munificence. » C’ est à lui que l’ on doit cette singularité remarquable dans toute l’ histoire de l’ architecture du XIX e siècle, la construction du ministère des Affaires étrangères. Car l’ idée était nouvelle, quand tant de services de l’ État investissaient et réaménageaient — souvent difficilement — d’ anciens hôtels particuliers, de bâtir un ensemble spécifique ; l’ idée était nouvelle d’ élever, à côté des bâtiments de l’ administration, un véritable palais, destiné certes au ministre mais, plus encore, à la représentation de la France. « Représenter » est le maître-mot d’ un programme qui s’ inscrit sur un terrain remarquable, suscite naturellement — le long de la Seine, à proximité du Palais-Bourbon et de la place de la Concorde, non loin du Louvre et du palais des Tuileries — l’ ambition palatiale et réclame nécessairement un chef-d’ œuvre. Dans ce qui est alors l’ extrême ouest parisien et reste, au-delà des Invalides, une succession de villages, l’ architecte Lacornée élève donc un palais et, par ses références multiples, le rattache au Paris monumental, splendide avatar des bâtiments qui, depuis la Monnaie,  jalonnent la Seine.


Commencé sous la Monarchie de juillet, le palais fut terminé sous le Second Empire. Il connut les vicissitudes de la plupart de nos « grands chantiers », hésitations quant à sa nécessité — celles de la II e République —, délais, surcoûts, mais prouva aussi la continuité de l’ État : Napoléon III acheva ce qu’ avait voulu Louis-Philippe. Il apparaît paradoxalement comme  un chef-d’ œuvre de l’ art du Second Empire et, chronologiquement le premier, fait figure de prototype. Promu par Guizot dont les écrits et l’ éloquence, comme toute la personne, se signalaient par l’ austérité, la concision, une certaine brusquerie, le refus de l’ ornement, il est profus, volubile, coloré. Cette abondance décorative choqua. Ceux que Huysmans appellera les « raffinés » — quelques diplomates étrangers notamment — raillèrent ce qu’ ils jugeaient goût de parvenu. Mais ce qu’ ils critiquaient ainsi ce n’ était pas le manque de retenue, la négligence du bon ton, mais, en ce milieu du siècle, une architecture nouvelle, moderne, qui récuse le comme il faut, mélange les matériaux, conjugue les références les plus diverses ; cet éclectisme triomphant qui n’ est pas un catalogue désordonné de citations et d’ emprunts mais bien un style propre, audacieux, novateur, porté par le maître d’ œuvre architecte et la pléiade de décorateurs qui travaillent avec lui. Une œuvre d’ art totale, serait-on tenté de dire, où architecture et décor ne font qu’ un.


Plus tard, Charles Garnier, défendant son Nouvel Opéra, dut répondre à des critiques comparables. Il fustigera alors ceux qui lui reprochaient sa polychromie et son brillant — « Trop d’or !»—, les citations nombreuses et dévoyées, la surcharge qui ne laisse à l’ œil aucun repos, sa volonté d’ assujettir tous ses collaborateurs, peintres, sculpteurs, orne-manistes, tapissiers, à une conception unique et souveraine. Puisant dans les sources et ressources innombrables qu’ offraient les registres du monde, les combinant et les unifiant, Charles Garnier parlait d’ « architecture métisse ». Et l’ expression peut être également appliquée au Palais des Affaires étrangères. Si en cela il se rapproche de l’ œuvre de Garnier, il s’ en distingue par le peu de place qu’ il fait à la peinture ; pas de grand cycle confié à un des nombreux artistes capables alors de couvrir de vastes surfaces, mais une escouade de décorateurs — beaucoup viennent du théâtre — qui travaillent en complète harmonie. Et l’ union fait la force ; tant de talents réunis, la plupart secondaires, plus praticiens que créateurs, font un chef-d’ œuvre.


Sa construction d’ un seul jet, sa cohérence n’ ont pas interdit les aménagements ultérieurs et, de Lacornée à Jean Niermans, à Jean-Michel Wilmotte, le Palais des Affaires étrangères trace une histoire de l’ architecture et du décor français. Ces heureuses adaptations — on pense notamment à la salle de bains du roi d’ Auguste Labouret — témoignent d’ un bâtiment vivant et qui sait assimiler de nouveaux usages sans renier sa vocation et son architecture d’ origine. Tel quel, habité, utilisé, modifié, vécu, il a accompagné depuis un siècle et demi la diplomatie française. Il la représente et l’ illustre, une ambassade et un symbole. Un modèle aussi qui rappelle avec force, depuis les débuts difficiles, la volonté persévérante de l’ État et dit, avec ses mots à lui, ceux de son architecture et de son décor, les impératifs d’ une politique qui doit conjuguer la maîtrise, l’ éclat et la grandeur.

Henry Loyrette
Conseiller d'État, Président directeur du musée du Louvre de 2001 à 2013.

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