Le palais Buquoy accueille l’ambassade de France à Prague depuis plus de cent ans. La France s’y est installée en 1919, quelques mois à peine après l’indépendance tchécoslovaque qu’elle fut le premier État à reconnaître. Elle ne l’a plus jamais quitté sauf aux heures noires de l’occupation nazie. Le palais est ainsi devenu l’incarnation de la relation d’exception entre la France et la République Tchèque. Le « Président-Libérateur » Masaryk y est venu, François Mitterrand y a partagé un petit-déjeuner avec Václav Havel, qui n’était encore qu’un dramaturge dissident, et après lui, tous les présidents de la République s’y sont rendus. Longtemps, la police communiste, installée en face, dans le bâtiment du Grand-Prieuré de l’ordre de Malte, y surveillait les allées et venues.
Mais si ce palais baroque, caché au pied du pont Charles, sur l’une de ces places arborées qui font le charme de Malá Strana, incarne désormais la France, il fut aussi le témoin, et parfois le théâtre, d’autres histoires : celle de la famille dont il porte le nom, celle de la guerre de Trente ans, celle du choc des empires et de l’exil des rois, tant d’autres…
Monument français, monument tchèque, joyau du patrimoine de notre continent, le palais incarne aujourd’hui, avec ses deux drapeaux, une Europe libre et souveraine. Monument européen, donc.
C’est cette histoire, ce sont ces histoires, que le présent ouvrage, préparé par les Éditions internationales du Patrimoine, avec l’aide de mécènes sans lesquels il n’aurait pu voir le jour, invite à découvrir au travers d’articles inédits et d’une iconographie sans pareil. Je le recommande au lecteur.
Roland Galharague,
Ambassadeur de France en République tchèque (2017-2020)
