L'Hôtel de Besenval
Le baron de Besenval fut un de ces hommes à qui tout réussit [...]
J.-B. Després, secrétaire du baron de Besenval.
Le baron de Besenval fut un de ces hommes à qui tout réussit [...]
J.-B. Després, secrétaire du baron de Besenval.
Archiviste-paléographe (promotion 1962), conservateur de musée, il a dirigé le musée national du château de Fontainebleau de 1970 à 1994, avant de devenir administrateur général du Mobilier national, des manufactures des Gobelins, de Beauvais et de la Savonnerie (1994-2003).
Ses principaux travaux scientifiques ont porté sur l'ébéniste André-Charles Boulle, l'histoire et les collections du château de Fontainebleau, l'époque napoléonienne, en relation avec le musée Napoléon Ier qu'il a crée dans une des ailes de ce château, et les arts décoratifs du début du XIXe siècle (mobilier Consulat-Empire).
Depuis 1938, il y a donc 80 ans, l’ambassade de Suisse à Paris se trouve à l’hôtel de Besenval, au 142 rue de Grenelle.
Voici enfin racontée et documentée l’histoire de cet admirable hôtel particulier.
La Confédération suisse, qui en est propriétaire, attache à cette maison, à la fois chancellerie et résidence de l’ambassadeur —j’en suis avec bonheur le 14e hôte de passage—, une importance toute particulière.
Son emplacement, l’histoire de sa construction en 1704, son achat par le baron de Besenval en 1767, les divers locataires qui s’y succèdent, comme la famille de Napoléon III venue de Rome ou les financiers américains au début du XXe siècle, tout est passionnant et se devait d’être conté. C’est chose faite : grâce aux recherches fouillées et précises de Jean-Pierre Samoyault, grâce à de nouvelles photographies et des sources inédites, le bel ouvrage que vous tenez entre les mains va vous faire découvrir l’originalité de la construction, la richesse de l’ameublement au fil des siècles, les embellissements apportés par les propriétaires successifs. La période du baron de Besenval est particulièrement significative : ce fils de vieille famille de Soleure —la ville des Ambassadeurs— au service de deux rois de France, aime les beaux-arts et l’ornement. Il collectionnera avec passion et innovera dans la décoration : le nymphée construit au sous-sol témoigne de la splendeur de l’hôtel à son époque.
Il est heureux que la Confédération suisse ait pu se porter acquéreur de l’hôtel en 1938. La mémoire de son ancien propriétaire, commandant des Gardes-Suisses et confident de la reine Marie-Antoinette, contribue au rayonnement de la présence suisse à Paris et au renforcement des relations bilatérales entre la Suisse et la France. Cette relation trouve son illustration dans le grand salon, avec la splendide tapisserie des Gobelins qui documente le renouvellement de l’alliance entre le roi de France Louis XIV et les représentants des Cantons suisses à Notre-Dame de Paris en 1663. Cette alliance avait été signée 147 ans plus tôt entre François I er et les Cantons suisses, le 29 novembre 1516 à Fribourg, après le choc de Marignan.
Ce sont donc plus de 500 ans de paix perpétuelle qui nourrissent l’essor actuel de la relation entre la Suisse et la France.
Bernardino Regazzoni
Ambassadeur de Suisse en France et à Monaco