Le Palais de France à Istanbul

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" L'an 1839, le 1er jour de mai, sous le règne de Sa Majesté Louis-Philippe Ier, roi des Français, et sous celui de Mahmoud II, empereur des Ottomans, M. le comte Molé, pair de France, étant ministre des Affaires étrangères, Président du Conseil des ministres, M. le baron Roussin, pair de France, vice-amiral, grand croix de la Légion d'Honneur, ambassadeur du roi à Constantinople, a posé la première pierre du Palais de France à Péra [...]. L'architecte était M. Pierre Laurécisque, de Paris". Une affichette éditée pour la circonstance et conservée dans les appartements de l'ambassadeur, au second étage du palais, rappelle, dans le style léger d'un numéro du Journal officiel, la genèse de la nouvelle construction.

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Marie-France DUPUY-BAYLET

Inspecteur de la création artistique au Mobilier national, Marie-France Dupuy-Baylet a assuré, depuis 1974, le contrôle des objets mobiliers mis à la disposition des résidences présidentielles, de ministères et des ambassades de France à l’étranger par le Mobilier national.

Elle s’intéresse plus particulièrement à la collection de pendules et de bronzes d’ameublement du Mobilier national. Elle est l’auteur de plusieurs articles sur les pendules du XIXe siècle dans la revue des Monuments historiques et dans L’Estampille/L’Objet d’art. Elle a publié en 2006 puis en 2010 aux Éditions Faton deux ouvrages de référence, Pendules du Mobilier national 1800-1870 et L’Heure, le Feu, la Lumière Les bronzes du Mobilier national 1800-1870. Commissaire scientifique de l’exposition le Roi, l’Empereur et la pendule présentée en 2006 au musée du Temps de Besançon, elle a également été commissaire de l’exposition L’Heure, le Feu, la Lumière Bronzes du Garde-Meuble impérial et royal 1800-1870, à la galerie des Gobelins à Paris en 2010-2011. 

Gisèle DURERO-KÖSEOGLU

Gisèle Durero-Köseoglu, française, professeur de Lettres à Istanbul, est une des principales représentantes de la littérature francophone de Turquie. Elle est l’auteur de recueils de poèmes et de romans publiés en Turquie aux Editions GiTa : La Trilogie d’Istanbul, Fenêtres d’Istanbul (2003), Grimoire d’Istanbul (2006), Secrets d’Istanbul (2008), La Sultane Mahpéri (2004), Mes Istamboulines (2010) et Janus Istanbul (Théâtre musical, 2012).

Chantal GASTINEL-COURAL

Après l'École du Louvre, Chantal Gastinel-Coural a été chargée de mission au musée national du château de Versailles, puis conseiller technique à l'administration générale du Mobilier national et des manufactures des Gobelins, de Beauvais et de la Savonnerie. Elle fut notamment en charge, auprès de l'administrateur général, de l'ameublement et de la décoration des résidences présidentielles (palais de l'Élysée, château de Rambouillet, Résidence Marigny, Fort de Brégançon).

Ses travaux scientifiques ont concerné le palais de Monte Cavallo (le Quirinal) sous le Premier Empire, et les Manufactures nationales, spécialement celle de Beauvais. Elle prépare un ouvrage sur la manufacture de la Savonnerie de 1800 à 1850. Elle est aussi l'auteur de nombreux articles études et catalogues d'expositions, dont elle a assuré le commissariat, consacrés à la Fabrique lyonnaise et aux commandes du Garde-Meuble de la Couronne pour les palais royaux et impériaux aux XVIIIe et XIXe siècles.

Elle a réalisé une étude sur l'ambassade de France à Vienne publiée par le Bulletin de la Société de l'Histoire de l'Art français en 1990.

Frédéric GÉRARD

Professeur-documentaliste au Lycée français Pierre Loti d’Istanbul. Ancien chercheur en Archéologie orientale, associé à l’UMR 7041 du CNRS (ArScAn - Du village à l’État au Proche et Moyen-Orient). Formation à l’École du Louvre et à l’Université de Paris I-Panthéon-Sorbonne (Institut d'Art et d'Archéologie - Centre Michelet).

Nathalie RITZMANN

De souche alsacienne, Nathalie Ritzmann, a décidé de s'installer à Istanbul en août 2003, à l'aube de la quarantaine, par choix personnel. Depuis plus de 4 ans, elle s'investit personnellement pour connaître et surtout faire connaître son pays d'adoption – qui lui a d'ailleurs offert la nationalité – à travers ses publications et ses photos.

Auteur notamment du site à succès «
Du bretzel au simit», auquel se sont ajoutés deux petits frères, elle n'a de cesse de partager ses découvertes tant du patrimoine que de la culture de la Turquie ainsi que de ses habitants et de leur vie quotidienne.

Nora SENI

Directrice de l'Institut français d'Études anatoliennes (IFEA) à Istanbul depuis 2008, Nora Seni est détachée de son poste d’enseignant-chercheur à l'Institut français d'Urbanisme de l'Université Paris-VIII. Docteur en Économie politique, elle a obtenu son HDR (habilitation à diriger des recherches) en «Histoire» et en «Aménagement et Urbanisme». Ses recherches portent essentiellement sur la philanthropie, le mécénat, les politiques culturelles en Turquie,  les relations entre l’Europe et l’Empire ottoman, la ville ottomane, les femmes et les minorités religieuses, les études sur les juifs en Turquie et dans l’Empire ottoman.

Elle est l’auteur de nombreuses publications parmi lesquelles Les Camondo, l’Éclipse d’une Fortune ; Les Inventeurs de la Philanthropie Juive ; Naissance du devoir d’ingérence. Le carnet du voyage d’Adolphe Crémieux en Égypte. 1840 ; Istanbul’da Özel Kültür Politikasi ve Kentsel Alan. Parallèlement, elle réalise des films documentaires dont le dernier, actuellement en préparation, s’intitule Collections, collectionneurs et la nouvelle image d’Istanbul.

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Fiche technique

Poids
2,4 Kg
Date de parution
septembre 2012
Langues
français - turc
Nombre de pages
256
Nombre d'illustrations
154
Format
235 x 300 mm
Reliure
rigide et coffret illustré
ISBN
979-10-90756-03-8

Au fil de cet ouvrage remarquable, vous allez pouvoir découvrir l’histoire du Palais de France dont l’édifice originel fut, selon le botaniste provençal Joseph Pitton de Tournefort, «bâti par ordre d’Henri IV dans le temps que M. de Brêves était Ambassadeur».

Vous y découvrirez notamment que plus qu’un simple palais, «La Maison du Roi à Péra» était le siège d’une petite administration comportant chancellerie, églises, école d’interprètes, poste, palais de Justice et même prison. Le représentant de «la fille aînée de l’Église» assurait depuis ses murs sa protection sur les sujets chrétiens catholiques de l’Empire ottoman, ainsi que sur les marchands de la chambre de commerce de Marseille qui s’étaient vus accorder le monopole des échanges avec les fameuses échelles du Levant.

Échange de bons procédés : jusqu’à la Révolution française, les marchands provençaux, placés depuis Colbert sous la lointaine tutelle du département de la Marine, ont, en échange de ce privilège commercial, assuré l’entretien de l’ambassade de France à Istanbul ainsi que de l’ensemble des consulats de ces comptoirs de la Méditerranée orientale sous suzeraineté ottomane.

C’est finalement en 1839, sous les règnes de Louis-Philippe Ier et de Mahmoud II, que fût posée la première pierre du Palais de France. À quelques aménagements près empruntés à l’art nouveau, le Palais conçu par l’architecte Pierre Laurécisque demeure celui que nous connaissons aujourd’hui : achevé dans les dernières semaines de l’année 1847, alors que la monarchie de Juillet se meurt, le Palais de France est même l’un des rares monuments publics à avoir conservé le monogramme du roi Louis-Philippe sur sa façade, côté jardin.

Nul ne peut douter que par sa majesté, ce nouveau Palais eut pour ambition de symboliser la volonté française de perpétuer une relation unique, aujourd’hui presque semi-millénaire d’alliance avec la Turquie. Au cours de leur longue histoire commune, Turcs et Français furent ainsi bien plus souvent côte à côte que face à face. En 1914, le choix de l’alliance avec les Empires centraux par le gouvernement du comité Union et Progrès marque, à cet égard, une vraie rupture, avec les conséquences funestes que l’on connaît.

Dans cette partie de l’Europe, peut-être encore plus qu’ailleurs, la première guerre mondiale eut des allures de fin du monde. L’Empire ottoman avait vécu, des civilisations millénaires étaient anéanties. Avec la République, la Turquie de Mustapha Kemal a voulu tourner le dos à ce passé. Elle s’est inventé un nouveau dessein, s’est construit une nouvelle identité. En quelques décennies, ce nouvel État-Nation est entré dans la modernité. Il a bâti des institutions et une économie fortes. Il se veut aujourd’hui un modèle démocratique pour le monde musulman.

Cette renaissance ne pouvait s’accomplir sans un nouveau berceau, une nouvelle centralité. Tandis qu’«Ankara l’anatolienne» prenait la place «d’Istanbul la cosmopolite» comme capitale de la Turquie moderne, le Palais de France qui avait si magnifiquement incarné la France et la culture française devint une annexe, quoique prisée, de la nouvelle ambassade ankariote. Nul doute que les premiers ambassadeurs qui eurent à quitter les rives du Bosphore partagèrent longtemps le vieil adage stambouliote selon lequel rien n’est si agréable à Ankara que le voyage retour pour Istanbul.

Car «Istanbul la déchue» est restée sans conteste une véritable métropole culturelle et économique. Au fil des migrations, la ville s’est profondément transformée. Si la langue française y a perdu sa prédominance, la francophonie demeure bien vivante grâce aux écoles bilingues d’Istanbul, au Lycée et à l’Université francophones de Galatasaray. Pas moins de 5300 mots issus de la langue de Molière continuent de surcroît à vivre à travers la langue turque dans laquelle ils se sont enracinés depuis plus d’un siècle. La saison de la Turquie en France, qui s’est tenue entre le 1er juillet 2009 et le 31 mars 2010, et en particulier le succès au Grand Palais de la très belle exposition de «Byzance à Istanbul», ont témoigné avec force de la pérennité de ce lien si particulier qui unit nos deux cultures et nos deux peuples, de cette fascination réciproque entre «l’Orient compliqué» et la France des Lumières.

Après une éclipse de quelques décennies, l’économie redevient un vecteur essentiel de l’amitié franco-turque. Principal investisseur et banquier de l’Empire ottoman au XIXe siècle, la France se positionne comme un parte-naire majeur de la Turquie du XXIe siècle. Aujourd’hui, plus de 400 entreprises françaises sont présentes dans le pays parmi lesquelles des acteurs économiques de premier plan que ce soit dans l’industrie ou les services. On estime ainsi à plus de 100 000 le nombre d’emplois qu’elles ont créés en Turquie pour répondre aux besoins d’un marché en pleine croissance.

Cette vitalité économique, servie depuis 15 ans par la stabilité politique du pays, renforce la capacité d’attraction d’Istanbul. En quelques années, la ville est devenue une plateforme de correspondance majeure du transport aérien, une destination prisée du tourisme de conférence et le siège régional de nombreuses entreprises internationales. Le gouvernement rêve ainsi d’ériger, sur la rive anatolienne, un nouveau centre financier à vocation mondiale.

Le dynamisme diplomatique de la Turquie, plus récent, n’est pas non plus étranger à ce renouveau. Les sommets internationaux se multiplient à Istanbul et les dirigeants turcs, qui passent souvent la fin de semaine dans l’ancienne capitale impériale, acceptent même parfois d’y recevoir leurs hôtes. On peut être tenté de voir dans ce nouveau regard des dirigeants sur la ville conquise par Mehmet le Conquérant, la volonté de renouer avec un passé trop longtemps enfoui.

Mais si le néo-ottomanisme est à la mode, le quartier de Péra, que l’on appelle désormais Beyoğlu, reste fidèle à sa tradition de capitale européenne et cosmopolite. Les rénovations y vont bon train et le 6e arrondissement d’Istanbul se rêve en Saint-Germain-des-Prés. Réveillé par l’énergie de cette ville trépidante et par le son des boîtes de nuit qui l’entourent, à nouveau courtisé par les visiteurs de marque, le Palais de France vit aujourd’hui une seconde jeunesse. Après une importante campagne de restauration, il conjugue désormais l’élégance que lui avait insufflée son architecte, Pierre Laurécisque, la tradition de l’ancienne Ambassade auprès de la Sublime Porte et l’audace des décorateurs intérieurs du ministère des Affaires étrangères et européennes.

Au cœur d’un des quartiers les plus chatoyants d’Istanbul, le Palais de France demeure un joyau architectural au charme intact, le condensé d’une histoire d’amitié franco-turque de presque cinq siècles, que je vous invite à découvrir au fil des pages de cet ouvrage dont je remercie amicalement l’auteur, Jean-Michel Casa. 


Laurent Bili
Ambassadeur de France en Turquie (2011-2015)

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